À quoi ressembleront les vacances en 2042 sous contrainte climatique ?

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L’Office for Climate Education (OCE) est associé au Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués (DSAA) design graphique du lycée Jacques Prévert à Boulogne Billancourt depuis 2021. Dans le cadre de ce partenariat, l’OCE et le DSAA explorent ensemble la façon dont le design contribue aux pratiques pédagogiques dans l’éducation au changement climatique.

De septembre à janvier, les étudiants ont créé, en collaboration étroite avec les scientifiques et pédagogues de l’OCE, des supports de médiation pour édifier La Fabrique des Futurs. En explorant les différents aspects de la vie quotidienne sous contrainte climatique, les futurs designers ont développé leur esprit critique : ils sont parvenus à se projeter dans un avenir désirable et viable tout en adoptant une approche réaliste. Les élèves ont fait preuve d'une grande imagination et d'une prouesse artistique pour produire des supports pédagogiques variés, mêlant jeux de rôle, activités expérimentales, récits, explorations ou études documentaires. Grâce à l’usage des pédagogies actives, ils nous invitent à imaginer les différents futurs possibles et à fabriquer de l’espoir pour demain.

Plusieurs semaines après la présentation de leurs projets devant des collégiens, les étudiants nous dévoilent leurs processus de réalisation de A à Z : des questionnements initiaux, à la mise en place de leurs idées jusqu’à la réception de leurs projets. Bienvenue en 2042 !

 

Par où commencer ?

(LOIS) Comment mangerons-nous en 2042 ?

(EMIE) Comment vivrons-nous sur les littoraux en 2042 ?

(MORGANE) Quelles seront nos sources d’énergies en 2042 ?

(INES) À quoi ressembleront les vacances en 2042 sous contrainte climatique ? C’est la question qui nous a occupé avec Manon, lorsque nous avons commencé à travailler sur ce projet pour l’Office for Climate Education.

 

Vos premières interrogations ? 

(EMIE) Quel sujet ! L’écologie. Vraiment. Phénoménal. Par où commencer ? Sûrement par le début. Tout d’abord, un premier sentiment. La peur. Comment répondre à un sujet si complexe ? Si important qu’est le réchauffement climatique. Et pourtant, si vrai. D’actualité.

(ALEX) Comment choisir les informations à transmettre ? Comment parler de climat sans  rendre les enfants éco-anxieux ? Comment s’assurer que les informations transmises sont  compréhensibles ?  

(CELINE) Comment intégrer des sujets d’actualités grâce à l’imaginaire dans notre quotidien ?

(MORGANE) Comment projeter les enfants dans un avenir réaliste, sans tomber dans le pessimisme ou l’utopie ?

 

Comment s’adresser à des collégiens ?

(ESTEBAN) Il était important de trouver un équilibre entre la réalité des défis auxquels nous sommes confrontés, la projection d’un futur positif et la vulgarisation scientifique pour encourager les enfants à s'engager dans des actions concrètes pour préserver l'environnement.

(JULIA) Je me suis rendue compte qu’une thématique avait personnellement beaucoup compté pour moi : celle de l’inclusivité dans la communication à destination des enfants, et plus particulièrement lorsqu’il s’agit de traiter d’un sujet aussi lourd que celui de notre avenir.

(MANON) Nous avons voulu investir, personnifier l’espace pour susciter des émotions. Il me paraît en effet essentiel que l’élève se sente concerné et trouve des points de repère dans notre image. 

(MORGANE) Je ne voulais pas mentir aux enfants : éteindre la lumière en journée ou lorsque nous quittons une pièce est un geste important, mais cela paraît presque futile lorsque l’on voit le bilan énergétique de certaines industries. Je voulais qu’ils comprennent qu’ils peuvent, tout comme nous, devenir des acteurs importants dans cette transition à travers leurs choix de carrières, leurs modes de vies et leurs habitudes.

 

D’où vient votre idée ?

(INES) Plutôt qu’un jeu, nous avons voulu imaginer une sorte de cahier de vacances, support d’un atelier d’écriture et de dessin. Après avoir pris connaissance du récit, c’était aux enfants de se plonger à leur tour dans la création d’un futur et d’imaginer des façons de vivre et de passer leurs vacances sous contrainte climatique. 

(JULIA) Le sujet que nous avons traité avec Alice est celui de la ville en 2042. Notre axe de réflexion s’est tourné vers l’idée que la ville est avant tout un réseau, qu’elle se développe autour de ses habitant.e.s. Nos villes sont dépendantes des campagnes et des autres pays, tant pour la production d’énergie que pour celle des matières premières. Il était alors important pour nous d’imaginer un futur où cette dernière réapprendrait à produire d’elle-même, et à prendre soin de ce qu’elle possède encore, de prendre soin les un.e.s des autres. 

(LAURA) L’alimentation est une problématique complexe et indispensable : on ne peut vivre sans manger. Mais manger est surtout un plaisir qui a dépassé le mécanisme de survie. Je pense que c’est cette notion de plaisir qui a été pilote dans notre proposition pour La Fabrique Des Futurs. Comment se faire plaisir malgré les contraintes qui semblent toujours plus nombreuses et difficiles ?

 

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Qui sont vos personnages ?

(ALEX) Marie est ce héros du quotidien : elle n’a pas pour vocation de sauver la planète, c’est  simplement une élève respectueuse de l’environnement, à laquelle les enfants peuvent  facilement s’identifier. Marie invite les enfants à imaginer l’école du futur : l’élève, jusqu’ici simple lecteur, devient acteur au sein du récit.

(CELINE) J’ai créé des personnages ressemblant à des collégiens pour qu’ils s’identifient et fassent partie de leur groupe d’appartenance, pour les motiver à évoluer à un groupe de référence et donc ainsi, changer leurs comportements.

(MANON) Il suffit parfois d’une toute petite anecdote décalée, comme la star éco-responsable que nous avons inventée dans notre récit pour faire rire puis réagir et réfléchir les récepteurs. Nous avons ainsi eu un échange très prometteur avec les collégiens qui ont pris conscience que leurs modèles actuels n’avaient que faire du climat et qu’ils n’avaient pas à reproduire leur exemple.

 

Comment s’est déroulé l’atelier de restitution organisé par l’OCE à l’Académie du Climat ?

(WAHID) J’ai été fortement surpris de voir l’implication des élèves que nous avons reçu lors de l'événement. Ils étaient tous force de proposition et impliqués dans la création de leur école du futur.

(INES) Ce dialogue entre fiction et données purement scientifiques a été la source d’un enrichissement mutuel qui, s’il n’apportait pas une solution miracle pour 2042, suscitait de nombreuses questions et venait ouvrir des discussions et des débats presque philosophiques au sein des ateliers. Par exemple, le fait qu’il fasse 30 degrés en octobre est présenté comme un détail ou comme quelque chose de normal dans la carte postale datant de 2042 mais ce ​​« détail » est vraiment venu interpeller les collégiens. 

(LOIS) Pour ce qui est du récit, j’ai remarqué que les collégiens n’arrivaient pas à s’identifier aux personnages, ni à se projeter dans le futur que nous leur proposions. En effet, 2042 pour eux ça semble loin ! À leur âge, dans 20 ans, leur vie aura tellement changé. Ils ne savent pas comment sera leur vie, alors comment imaginer à quoi ressemblera le monde ? 

 

Comment lier écologie, pédagogie et design graphique ?

(ESTEBAN) Comment un projet d'illustration pédagogique sur l'écologie peut contribuer au développement personnel d’un designer ?

(ALICE) Ce projet m’a permis en tant que designer de questionner ma manière de créer. Quel genre de designer je voulais être ? Comment je veux produire ? Aujourd’hui, j’aspire à un design responsable, social et réel. Un éco-design qui se veut utile, qui se veut pour les autres, et pour moi. Un design qui soit conscient de ses impacts, tout en essayant de les réduire. 

(INES) Ce projet et cette rencontre avec Simon et Nicolas de l’OCE, nous a permis d’en apprendre plus sur le sujet du changement climatique et nous a donné une forme d’autorisation et de légitimité à s’emparer de ce sujet en tant qu’étudiants en design graphique.

(LOANNE) Ce projet nous a amené à nous questionner sur des aspects très différents : social, environnemental et pédagogique. Ces trois aspects m'intéressent particulièrement et sont pour moi des thèmes qui suscite un réel intérêt pour ma pratique actuelle comme future en tant que designer graphique. 

(ALICE)  Je suis persuadée qu’un designer à un rôle très important dans la médiation scientifique. En effet, le designer fait le lien entre les scientifiques et la société. Cette question de la pédagogie a beaucoup été question pendant la table ronde, et pour cause. Une scientifique a émis le constat que les scientifiques ne se comprennent même pas entre eux. Alors comment faire comprendre cette science aux autres ?  

 

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Et votre futur à vous ?

(ALEX) En sortant du DSAA, aussi utopiste que cela puisse paraître, j’aimerais continuer à travailler  pour des associations et des organismes progressistes, qui cherchent à améliorer le monde à  travers leurs actions. Étant moi-même assez engagé politiquement et socialement, j’aimerais  que cela se reflète dans mon travail.

(INES) Je dirais que ce projet avec l’OCE m’a vraiment donné envie d’ancrer ma pratique du design graphique dans des contextes liés à la transmission de savoirs. En effet, j’aimerais pouvoir développer une recherche plastique liée au dessin et à la peinture tout en développant un projet de design avec des acteurs réels et ancré dans un contexte porteur de sens : lié à la vulgarisation scientifique, à l’éducation, à la culture (le langage ?) ou à l’écologie.

 

Date de publication
Author
Office for Climate Education OCE